Depuis quelques années, le marché des logiciels est chamboulé par une petite révolution :
le no-code. Cette nouvelle méthode de développement permet de concevoir des solutions technologiques plus rapidement, à moindre coût, et sans compétences en programmation. Véritable ennemi des logiciels classiques ou du SaaS, la démocratisation du no-code rend la création de logiciels accessible à tous.
Présentée de cette manière, cette technique fait rêver ! Mais en réalité, elle n’est pas sans son lot de contraintes. Manque de personnalisation, fonctionnalités limitées, absence de contrôle et de sécurité sur les données… Les plateformes no-code ont leurs limites ; découvrez-lesquelles.
Qu'est ce que le no-code ?
Le no-code représente une nouvelle approche innovante du développement logiciel. Comme son nom l’indique, il permet de créer et de déployer facilement des solutions telles que des sites web, des applications mobiles, des jeux vidéos ou des chatbots, sans utiliser des systèmes de codage. HTML, JavaScript, PHP… Oubliez toutes ces technologies complexes ! Grâce à des interfaces intuitives, les utilisateurs peuvent assembler des éléments prédéfinis et concevoir des solutions digitales sans expertise particulière. Cette méthode simplifie la création d’outils numériques, tout en accélérant la réalisation des projets.
Cependant, bien que le no-code soit idéal pour des projets simples nécessitant une mise en place rapide, il est beaucoup moins adapté aux besoins plus poussés. Automatisation, IA, architecture personnalisée… Certaines solutions exigent des fonctionnalités spécifiques, qui dépassent souvent celles offertes par le no-code.
Les atouts du développement no-code
Pour rester compétitives, les entreprises sont en quête constante d’innovation. Elles doivent réagir vite et l’émergence du no-code a marqué un tournant décisif dans le monde des technologies. Désormais, les entreprises peuvent créer leurs propres logiciels en interne sans utiliser des ressources humaines ou financières importantes. Voici les principaux avantages du no-code :
- Accessibilité : Le no-code ouvre les portes du développement logiciel à n’importe quel utilisateur. Que vous soyez entrepreneur, responsable marketing ou gestionnaire de projet, vous pouvez créer des solutions digitales sans compétences techniques de programmation.
- Simplicité d’utilisation : Faciles à utiliser, les plateformes no-code comme WordPress, Wix ou encore Weebly offrent des éditeurs simples qui permettent à chacun de concevoir des outils en quelques clics. Vous n’avez qu’à glisser-déposer des éléments visuels sans vous soucier du code.
- Rapidité de déploiement : Avec les outils no-code, les projets qui prenaient autrefois des semaines, voire des mois, peuvent être créés et déployés en quelques jours. Cette capacité à lancer rapidement des solutions permet de réagir rapidement aux opportunités du marché et de distancer ses concurrents.
- Coûts réduits : En réduisant le besoin en ressources externes et la nécessité de faire appel à des développeurs spécialisés, le no-code permet de diminuer les coûts de développement.
La méthode du no-code, trop beau pour être vrai ?
Oui, l’approche no-code est accessible à tout le monde et oui, elle est peu coûteuse. Mais, il n’empêche que comparé à une solution codée par un professionnel, elle reste assez restreinte. Sur certains points indispensables à la création d’un outil numérique de qualité, le no-code n’atteint pas encore les standards espérés.
1- Limitations fonctionnelles
Les outils no-code sont conçus pour simplifier le développement en rendant les tâches techniques accessibles aux non-développeurs. Cependant, cette simplicité entraîne souvent des limitations fonctionnelles. Si vous avez besoin de développer des fonctionnalités plus sophistiquées, intégrées à un parcours métier ou utilisant des algorithmes d’automatisation et d’IA, les options disponibles dans le no-code ne suffiront pas. Par exemple, la plupart des plateformes no-code ne proposent pas de :
- Module Big data et traitement par lots
- Algorithmes de machine learning
- Traitement d’image complexe
- Reconnaissance faciale ou d’objets
- Interactions IoT complexes
- Calculs 3D ou éditeur de bâtiments
- Gestion avancée de websockets
- Protocoles d’authentification spécifiques
- Middleware personnalisés
2- Dépendance aux fournisseurs de no-code
En choisissant une solution no-code, vous devenez dépendant du fournisseur de celle-ci. Plusieurs cas de figures peuvent se présenter et vous mettre dans une impasse :
- Votre fournisseur peut décider du jour au lendemain d’augmenter ses tarifs
- Votre fournisseur peut modifier les conditions d’abonnement de son outil
- Votre fournisseur peut subir un incident technique et perdre vos données d’exploitation
- Si le serveur de votre fournisseur est hors service, vos outils seront inaccessibles
- Vos workflows sont encodées dans le système propriétaire et ne peuvent pas être dissociés
- En cas de changement d’outil, vous ne pourrez pas accéder au code source et dupliquer à l’identique le modèle conçu en no-code
Pire encore, votre fournisseur pourrait décider de fermer ses services ou y serait contraint. Dans ce cas, vous vous retrouverez coincé, sans support et obligé de migrer votre projet vers une autre solution. Et cette migration n’est pas à prendre à la légère ! Elle engendrerait des coûts supplémentaires et risquerait d’entraîner des pertes de données significatives pour l’entreprise.
3- Personnalisation limitée
4- Problèmes de sécurité et de confidentialité avec le no-code
La sécurité des données de votre logiciel, plateforme ou application sont des points de vigilances à ne pas négliger. Mais lorsque l’on ne contrôle pas les processus de stockage, d’hébergement et d’archivage, comment être sûrs du respect réglementaire ? Il ne faut pas oublier que lorsque vous créez une plateforme en no-code, vous n’avez pas la mainmise sur la gestion de vos données clients. Cela soulève plusieurs préoccupations :
- Propriété des données :
En confiant les données de vos clients à des tiers, des ambiguïtés peuvent surgir concernant la propriété de ces informations. Les conditions d’utilisation des plateformes stipulent souvent que le fournisseur détient certains droits, ce qui limite votre capacité à exploiter pleinement vos données. Cela peut aussi freiner des potentiels utilisateurs, qui ne savent pas où termineront leurs informations.
- Sécurité des données :
Les incidents de violation peuvent avoir des conséquences graves pour votre entreprise. Le fournisseur no-code se fait pirater ? Une faille rend accessible les données du système ? Tous ces facteurs peuvent impacter votre image et réputation. Les limitations techniques du no-code sont préoccupantes : absence de chiffrement bout en bout, impossibilité d’anonymiser les logs système, traçabilité insuffisante des accès… La RGPD n’est pas à votre portée et Ces faiblesses exposent votre entreprise à des amendes RGPD pouvant atteindre 4% du chiffre d’affaires. De plus, il est impossible pour vos utilisateurs d’exercer leur droit sur la gestion de leurs données personnelles via votre entité. Ils devront obligatoirement se tourner vers votre fournisseur et pourront potentiellement perdre confiance en votre outil. - Confidentialité des informations sensibles :
Le stockage d’informations sensibles sur des plateformes no-code augmente les risques liés à la confidentialité. En effet, les éditeurs no-code imposent systématiquement un hébergement des données sur leurs propres serveurs, parfois localisés hors Europe. Qui dit localisation à l’étranger, dit divergences au niveau de la réglementation. Les normes de protection françaises ne sont pas forcément respectées dans la législation du fournisseur.
De plus, le no-code favorise la duplication de données en chaîne, sans réel contrôle via des mécanismes de réplication automatique et de backups systématiques. Cette prolifération des informations peut provoquer des défaillances indéniables dans la protection des données de vos utilisateurs.
En cas de dysfonctionnement, les conséquences business sont concrètes : des startups perdent des clients, d’autres se voient exclus d’appels d’offres et certaines entreprises sont obligées d’adopter des solutions hybrides coûteuses pour maintenir un niveau de sécurité adéquat.
5- Difficultés d'intégration
À l’ère de la digitalisation, les entreprises utilisent une multitude d’outils et de logiciels spécifiques pour gérer leurs opérations (ERP, CRM, API internes..). Les plateformes conçues en no-code ne sont pas optimisées pour s’intégrer à ces systèmes existants. Elles ne prennent pas en charge tous les formats de données et ne peuvent pas toujours communiquer avec d’autres systèmes internes. Si vous souhaitez obtenir une vision globale de votre exploitation et centraliser vos données dans une interface unique, le no-code n’est pas toujours l’outil adapté.
6- Coûts cachés à long terme avec le no-code
Bien que les solutions no-code soient souvent présentées comme moins coûteuses au départ, elles fonctionnent généralement avec des modèles d’abonnement. À mesure que votre projet se développe et que vous avez besoin d’ajouter plus d’utilisateurs, de fonctionnalités ou de capacité, les coûts d’abonnement peuvent s’accumuler. À long terme, cela peut coûter plus cher qu’une solution développée sur-mesure, déjà créée en SaaS ou hébergée en interne.
En complément, le no-code peut peut entraîner des coûts de maintenance imprévus. Par exemple, si de nouvelles intégrations doivent être effectuées par le fournisseur pour maintenir la plateforme fonctionnelle, vous devrez probablement investir dans des services supplémentaires. Certaines mises à jour peuvent nécessiter l’installation de plugins payants ou facturés.
7- Manque de compétences techniques
Concevoir une solution en no-code peut sembler simple, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a aucun apprentissage à faire. Les utilisateurs doivent tout de même comprendre certains concepts techniques de base, comme l’automatisation ou la gestion des données, afin d’éviter des erreurs à long terme. Au fur et à mesure que la plateforme se complexifie, elle peut devenir plus difficile à gérer pour des personnes non techniques. Vous pourriez alors avoir besoin de développeurs ou d’experts pour résoudre des problèmes ou ajouter des fonctionnalités avancées, ce qui va à l’encontre de l’objectif initial du no-code.
8- Manque de contrôle sur les mises à jour
Votre fournisseur peut mettre à jour ses services à tout moment, introduisant de nouvelles fonctionnalités ou modifiant les anciennes. Si ces mises à jour ne correspondent pas à vos besoins ou entraînent des dysfonctionnements, vous serrez contraint de vous adapter. Vous n’avez aucun contrôle sur le calendrier ou les modalités de ces mises à jour. Certaines peuvent entraîner des interruptions temporaires de service ou des incompatibilités avec les fonctionnalités que vous avez déjà configurées. Si votre plateforme interne est essentielle à vos opérations quotidiennes, cela causera automatiquement des retards et des problèmes de productivité.
Plateforme SaaS, la solution durable pour vos projets ?
Les plateformes SaaS sont hébergées sur des serveurs distants et accessibles via internet, elles permettent aux entreprises de gérer et d’analyser de grandes quantités de données sans nécessiter d’installation locale. Contrairement aux outils no-code, qui sont limités dans le choix de fonctionnalités et la personnalisation, les plateformes SaaS offrent une flexibilité et une intégration faciles dans des environnements existants. De plus, leur modèle d’abonnement inclut des mises à jour régulières et un support technique, assurant un accès constant à des logiciels puissants et à jour. Cette capacité à évoluer et à s’adapter aux besoins des entreprises en fait une solution plus pérenne sur le long terme.